“Accoutumance à la nicotine” , de Thanassis Valtinos

Lors des rencontres autour des livres du 15 mai 2017,  Mireille Valcarcel (BPT de St Georges d’Orques) a présenté le livre de nouvelles “accoutumance à la nicotine“, de Thanassis Valtinos, paru en 2008 aux Editions Finitude :

Accoutumance à la nicotine” de Thanassis Valtinos

C’est un petit livre de douze nouvelles. Elles sont tirées de deux recueils publiés en Grèce, la plus ancienne “Août 1948” ayant été écrite en 1960. La première nouvelle de ce recueil lui en donne aussi son titre.
Thanassis Valtinos, écrivain et scénariste, est né en 1932 dans le Péloponnèse, une région de Grèce très présente dans son oeuvre. Après une enfance marquée par des tribulations familiales et les années d’occupation, il s’installe à Athènes où il vit encore aujourd’hui.
Ses écrits sont d’un style épuré, sans pathos, presque neutre… Descriptifs même parfois pour rapporter des événements intimes (dans “Ioannis Sidéris” ou “Panyotis” – qui portent les noms des personnages) ou des faits de guerre tragiques, des faits d’armes sans âme (“Août 1948”), et on en retire pourtant une impression de mélancolie, de grâce résignée, faussement distante.
Alors, on peut penser que l’auteur est très présent dans tous ces portraits d’homme et de femmes ( comme dans “Sang pour sang”) et que de l’Histoire il en a fait sa propre histoire à travers les destins esquissés de ses compatriotes.

Mireille  Valcarcel

La BPT du CHRU du Grau du Roi

Ci dessous le texte de la présentation par Patricia Laurentin de la bibliothèque du Grau du Roi lors de l’Assemblée générale CBPT 34 à St Clément de Rivière le 11 mai 2017

 

 BIBLIOTHEQUE  CBPT

 CENTRE DE REEDUCATION du CHU DE NÎMES au GRAU DU ROI

Route de Carnon, Quartier le Boucanet –  30240  Le Grau du Roi

04 66 02 25 25

 

Voulez-vous partir avec moi en croisière ? Notre guide sera un poète, écrivain et musicien.

Sur son paquebot de croisière, « grand comme un terrain de jeu », il nous fait partager son « expédition » : plusieurs centaines de voyageurs sont réunis. Ces voyageurs regroupent toute la crème du handicap bien lourd : paraplégiques, tétraplégiques, traumatisés crâniens, amputés, grands brûlés. « Bref, je sens qu’on va bien s’amuser », ajoute le poète, de sa belle voix grave.

C’est Grand Corps Malade notre guide. « Patients », c’est le titre de son livre paru aux éditions Don Quichotte en 2012, et chez Points en 2017. Après un plongeon dans une piscine, le jeune homme a touché le fond : « – Votre fils ne marchera plus, voilà ce qu’ils ont dit à mes parents ».

Ma croisière porte un nom bien long : « Hôpital Universitaire de Rééducation, de Réadaptation et d’Addictologie du CHU de Nîmes au Grau du Roi ».

Le paquebot est divisé en 4 coursives : 57 lits pour les addictions, 29 lits pour l’endocrinologie, 54 lits pour la neurologie et 49 lits pour la rééducation locomoteur. En tout 205 cabines pour un séjour de 1 à 6 mois avec vue sur la mer, les pins et les palmiers,  les voiles des bateaux ou des kite-surfers.

Après 2 années de temps et contre-temps CBPT embarque sur le bateau. Alix Clausel signe la convention le 1er Juin 2016 avec Madame Baville, Chargée de Mission du CHRU de Nîmes.

La bibliothèque est installée près de la cafétéria, protégée par de grands paravents en bois. 1 permanence tous les Mardis de 15H30 à 17H30. 2 armoires qui contiennent 450 livres et 70 BD (pas de revues). 2 chariots peu pratiques, mais qui roulent merveilleusement bien. Et un ordinateur fourni par l’Hôpital de Nîmes.

5 bibliothécaires : Françoise Wyseur qui vient de MPL, Françoise Popoff et Josiane Montagard qui viennent de Baillargues, Janine Bourbon et Patricia Laurentin qui habitent la Grande Motte.

« Personne, dans ce bateau, ne sait vraiment quand ce voyage s’arrêtera et jusqu’où il va nous mener » prévient Grand Corps Malade. Comme toutes les autres bibliothèques en maison de santé, nous vivons dans ce monde parallèle 2 à 3 heures par semaine. Mais dans un centre de rééducation de long séjour, nous avons la « chance »(un mot difficile à dire…) de retrouver tous ces « potes » ( terme de Grand Corps Malade) chaque semaine.

Des animations conventionnelles ne sont pas encore mises en place, mais l’animation est permanente et l’équipe est très réactive aux nombreuses sollicitations. Nos posters de décoration sont très appréciés, et même dérobés avec les cadres. Nous les cachons maintenant.  Un de nos lecteurs réguliers vient même emprunter des livres pour les infirmières afin de leur faire partager ses coups de cœur. Un magicien professionnel est venu nous éblouir avec quelques tours de magie étonnants. On a cliqué « like » sur son site. « – Ah, si je ne fumais pas tant de pétards ! » nous a-t-il avoué.

Addictions pas toujours visibles ou amputations trop visibles, notre croisière est chaleureuse.

La conclusion, c’est Grand Corps Malade qui va la donner dans une de ses chansons :

« J’ai compris les règles du jeu, ma vie c’est moi qui vais la peindre,

Alors je vais y mettre le feu en ajoutant plein de couleurs

Moi, quand je regarde par la fenêtre, je vois que le béton est en fleur ».

 

Pensons modestement que nos livres vont les aider à peindre cette fleur.

 

 

 

La Sonate à Bridgetower, d’Emmanuel Dongala

 

“La sonate à Bridgetower”, par Françoise Pasco, le 11 mai 2017

A la bibliothèque de Sète, bibliothécaires et lecteurs avaient beaucoup aimé en 2010 Photo de groupe au bord d’un fleuve, de Emmanuel Dongala.

Dans ce nouveau roman l’auteur nous raconte la vie très romancée de George Bridgetower, qui débarque à Paris en 1789 avec son père qui se fait passer pour un prince africain. Ils sont tous deux mulâtres et George est un très jeune virtuose du violon. Il a été l’élève du grand compositeur Haydn.

Quelques concerts à Paris le font connaître, mais la prise de la Bastille et les événements qui suivent les obligent à se réfugier en Angleterre où il deviendra le protégé du Prince de Galles. A Vienne, il devient l’ami de Beethoven qui écrit pour lui une magnifique sonate qu’ils joueront tous les deux. Mais une banale querelle met fin à leur amitié et la sonate initialement dédiée à « il mulatto Brischdauer, gran pazzo e compositore mulattico » deviendra la fameuse Sonate à Kreutzer (qui d’ailleurs ne la jouera jamais, la jugeant trop complexe!).

Ce roman mêle les aventures de ce personnage hors du commun aux événements de cette période troublée (révolution française, prise du pouvoir par Bonaparte …) et évoque d’importantes questions de société soulevées par les philosophes des Lumières : esclavage, racisme, féminisme…

George est fasciné par ces idées nouvelles, rencontre Lavoisier, Monge, Borda, Condorcet, Olympe de Gouges, et tous les grands musiciens de son temps.

Ce roman à l’écriture et la construction soignées est vraiment passionnant et susceptible d’intéresser par les sujets qu’il aborde (musique, histoire …) un large éventail de lecteurs.