Vous avez envie de découvrir les Nouvelles « NOS ATTRAPES-REVES » de Carole Menahem-Lilin ?
Voici une présentation de Denise DELTERME, bénévole bibliothécaire à la Clinique Saint Roch, et organisatrice des réunions de Rencontres Littéraires réalisées par CBPT 34.
Dans ce recueil « Nos attrapes- rêves » de 150 pages, nous découvrons 15 Nouvelles (environ de 4 à 15 pages).
Chaque Nouvelle est précédée d’une toile de l’artiste Eve Grenet. Plutôt que d’une illustration, je parlerais d’un tableau faisant un écho poétique au récit de la nouvelle.
La quatrième de couverture évoque très justement en quelques mots les récits et les tableaux :« Les personnages ont une quête, s’engagent sans renoncer à leur intime fantaisie ou à leur questionnement. Les figures qui habitent le toiles d’Eve Grenet semblent plongées dans une méditation yeux ouverts qui interroge elle aussi le monde ».
Ces nouvelles évoquent des fragments de vie plus ou moins longs, moments choisis pour l’intensité des sentiments vécus par les personnages ou pour l’aspect décisif de moments dans leur vie : rencontres, moments de choix visant l’émancipation, la liberté…
L’univers évoqué par Carole MENAHEM-LILIN dans ces nouvelles est majoritairement féminin, avec les thèmes :
– de l’enfance,
– de l’adolescence,
– de l’amour sous toutes ses formes (pendant l’enfance, les premières amours d’adolescence, l’amour dans la maturité)
– de la liberté,
– de la nature et du vivant amis : arbres , forêts oiseaux ,insectes papillons.
L’univers du monde artistique est présent dans la vie des personnages : peinture, littérature, musique…
Histoires et portraits sont brossés avec beaucoup de délicatesse.
Le registre est doucement tendre ou mélancolique à la façon d’un Verlaine ou d’un Apollinaire.
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Pour nous imprégner du style de ces Nouvelles, en voici une qui s’intitule « Harpée ».
Je l’ai choisie parce qu’elle est significative de la thématique de Carole Menahem-Lilin.
Le titre, d’abord : « Harpée » !
Oui, harpée est un néologisme créé à partir du nom de l’instrument dont joue le personnage de Luce. L’autrice aime les néologismes, mots simples ou mots composés comme le titre du recueil de Nouvelles « Nos Attrapes-rêves ». A la manière du poète Boris Vian avec « L’arrache-cœur », elle aime aussi les mots rares ou anciens comme « jusant » pour dire la marée descendante. Cela participe au charme du climat du récit, à sa poétique.
Cette courte Nouvelle narre un fragment de la vie de trois personnages féminins :
– Luce et Laura, toutes deux sœurs
– et leur maman Ludmilla.
Nous sommes un dimanche matin du printemps 2015, au 5e étage d’un immeuble du 12ème arrondissement de Paris. Luce, la harpiste, est inquiète à la veille de son examen au Conservatoire. Le récit du narrateur alterne avec le monologue intérieur de la jeune fille de quinze ans « Même si elle loupe cet examen-là est-ce que ça l’empêchera d’avancer dans la vie ? Non (…) les plantes aussi s’enchevêtrent, et ça ne les empêche pas de pousser. »
Sa grande sœur Laura l’écoute et aime son jeu « Qu’est-ce que ma sœur joue bien ! » Elle, c’est une graine d’écrivain. Le bruit de la vaisselle : « Glous, glous , tchhiss lui donne des idées; des personnages s’ébauchent tout seuls (…) Elle couchera tout ça sur son cahier tout à l’heure ».
La maman, Ludmilla, est artiste aussi, dans la création de modèles de tissus. Heureuse et fière de son travail, fière de ses filles, de leur talent.
La nouvelle s’achève cependant sur une note de tristesse : « Elle pense à Nadir « Tu serais fier de nous (…) trois ans déjà est-ce que ça ne s’apaise jamais, le chagrin ? ».
Et on retrouvera Luce et Laure dans une autre Nouvelle, intitulée « L’orgue à bruits ».
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Vraiment, ces Nouvelles nous font pénétrer dans des univers subtils où la poésie se mêle au quotidien, à la fois dans l’écriture de Carole Menahem-Lilin et dans les tableaux d’Eve Grenet.