AU CŒUR DE LA CREATION LITTERAIRE ET DE LA TRANSMISSION DE SA PASSION : VENEZ DECOUVRIR AVEC NOUS L’AUTRICE CAROLE MENAHEM-LILIN !
En ce 18 mars 2024, les espaces de vie du quartier Antigone, très prisés par les Montpelliérains, n’ont pas attendu l’équinoxe du printemps pour nous réchauffer au soleil.
Accueillies place du Nombre d’Or, dans un local convivial de l’ADRA Association Des Résidents d’Antigone, nous étions ce jour-là une trentaine de bénévoles de CBPT 34 Culture et Bibliothèques Pour Tous de l’Hérault.
Objectifs de cette réunion ?
- Nous imprégner de la beauté et du mystère de l’écriture littéraire
Et découvrir les ateliers d’écriture que Carole MENAHEM-LILIN conçoit et anime très régulièrement auprès de personnes résidant à Antigone (mais pas que !) habitées par le désir de déclencher en elles, grâce à l’aide de Carole, la création d’un ouvrage correspondant profondément à leur identité intérieure.
Carole MENAHEM-LILIN, 18 mars 2024
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En introduction, Dany SCHNEIDER, Présidente de CBPT 34 nous souhaite la bienvenue, et remercie Carole MENAHEM-LILIN de nous faire l’honneur de sa présence.
Dany SCHNEIDER
Puis Dany nous présente Carole MENAHEM-LILIN qui a judicieusement disposé devant elle ses Nouvelles, parues chez son éditeur Via Domitia :
« Nos attrapes-rêves »
Déjà, le titre et l’illustration en page de couverture réalisée par la peintre Eve GRENET nous font rêver.
Dany nous informe que Carole a aussi écrit et publié un roman : « A fleurs de peau ».
Conclusion de l’accueil chaleureux de Dany :
« Denise va vous présenter ces deux ouvrages, puis donnera la parole à Carole ».
Nous voilà sur le chemin de découverte de l’univers de cette écrivaine
qui conjugue création littéraire, conception et animation d’Ateliers d’écriture
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Denise Delterme
Denise DELTERME, bénévole bibliothécaire à la Clinique Saint Roch, et organisatrice de cette Rencontre Littéraire, nous informe que Carole pourra, à la demande des bénévoles responsables d’une des Bibliothèques de Culture et Bibliothèques Pour Tous de l’Hérault, animer, sur une durée d’environ 2 heures, un atelier d’écriture auprès des abonnés, qu’ils soient adultes, enfants ou adolescents.
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« Les attrapes-rêves »
Puis Denise nous présente « Les attrapes-rêves », un recueil de Nouvelles de Carole MENAHEM-LILIN, magnifiquement amplifiées par les peintures de Eve GRENET :
« Les peintures de l’artiste Eve GRENET sont un écho poétique aux récits de Carole. Avec Carole Menahem-Lilin et Eve Grenet, on est dans une méditation les yeux ouverts. Dans les écrits de Carole règne parfois une douce mélancolie. Son univers me fait penser à celui de certains poètes.
Par son utilisation de mots rares, parfois surannés, comme le « friselis » (frisson, frémissement, murmure), Carole nous transporte dans un ailleurs par sa magie du verbe ».
Amis internautes, la présentation des « Attrapes-rêves»,
par Denise, nous transporte dans un très bel onirique.
et vous pouvez la découvrir sur notre site internet.
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« A fleurs de peau »
Puis Denise nous présente « A fleurs de peau », roman que Carole a publié en 2013 :
« Les personnages ?
- Enzo, 14 ans,
- et une très jeune fille, Opale, dont le père est tatoueur.
Le titre « A fleurs de peau » est métaphorique. Ces « fleurs » sont des poussées d’eczéma dont souffre Enzo. Elles sont consécutives aux disputes réitérées de ses parents et aux invectives qu’ils échangent agressivement devant lui. C’est comme ça que les mots s’inscrivaient dans sa peau, et qu’il s’employait autant que possible à les cacher.
Autre source de souffrance de Enzo : le regard des autres, et leurs jugements. Le monde de l’adolescence s’avère parfois redoutable, et beaucoup de choses basculent. En témoignent les réseaux sociaux qui se sont multipliés ces dernières années.
Devenu jeune adulte, Enzo deviendra une personne résiliente. Il parviendra à trouver en lui un état d’équilibre, de force intérieure. Il trouvera sa voie en devenant gymnaste, à représenter la beauté du corps et des exercices au sol, et à guérir en « sortant de sa peau ».
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PAROLES DE CAROLE MENAHEM-LILIN
Voici quelques extraits des paroles de Carole, qui va se présenter à nous.
Puis elle nous dévoilera quelques déclencheurs de l’inspiration littéraire et de l’écriture.
Je vous remercie et je suis touchée d’être votre invitée. J’écris depuis que je suis enfant. J’ai de la chance, même si l’écriture est quelque chose de solitaire.
Je suis allée à l’Université, où j’ai étudié la Philosophie et les Lettres.
Ce qui m’intéresse le plus, c’est la prose, les différents sens des mots, le rythme. Et si tout ça aboutit à de la poésie, comme vous le percevez dans « Les attrapes-rêves », j’en suis ravie.
Vous dire aussi que je travaille sur deux futurs romans. Oui, deux en même temps ! Ça me permet d’avoir suffisamment d’éloignement pour pouvoir y revenir et mieux saisir la couleur de chacun des personnages.
Question :
Carole, pouvez-vous nous dire pourquoi vous avez développé la thématique de la dermatologie, présente dans votre roman « A fleurs de peau », mais aussi dans une de vos Nouvelles, dans « Les attrapes-rêves » ?
=> A l’âge de 20 ans, je me suis aperçue que j’avais une maladie rare, le vitiligo. Ces tâches blanches ne se voient pas, et heureusement, elles progressent très lentement.
Il y a aussi un de mes fils qui a développé une allergie.
Je suis donc sensible à ce sujet. Voilà pourquoi je l’ai abordé dans mon écriture.
Ces signes en dermatologie occupent l’esprit de ceux qui les subissent, les font souffrir, et débouchent parfois sur des actions salvatrices :
– qu’ils soient invisibilisés (port de mitaines d’une jeune fille dans une de mes Nouvelles, ou allergie invisible)
– ou qu’ils soient évidents au regard des autres (comme l’eczéma du petit Enzo).
Question :
Les ateliers d’écriture, que vous concevez et animez, nous intéressent beaucoup. Quelle est la genèse de ces ateliers ?
Carole sourit.
- Figurez-vous que c’est en emmenant mes enfants à l’école, et en sympathisant avec des enseignantes que sont nés ces ateliers d’écriture ! J’ai commencé par animer des ateliers d’écriture en Ecole primaire. Puis, quand mes enfants ont grandi, j’ai continué à le faire auprès de pré-adolescents au collège, et enfin au lycée, auprès d’adolescents et très jeunes adultes.
Et voilà ! Maintenant, je continue à faire des ateliers d’écriture auprès d’un public adulte, tous âges confondus.
Carole, comment déroulent ces Ateliers d’écriture ?
=> Comme la quasi-totalité des participants à ces Ateliers, je suis une grande lectrice. Ça me permet de choisir des extraits susceptibles d’inspirer, à partir desquels ils vont travailler, imaginer, structurer ou pas, et « produire » quelque chose qui n’appartient qu’à eux.
Il y a aussi les dialogues qui donnent de la vie et prennent le relai de la narration. Parfois, les dialogues sont intégrés aisément, d’autres fois non.
Ma mission est de donner des « outils » pour que leur écriture puisse démarrer. Mais il ne faut pas que j’en fasse « trop ». La bonne et juste distance est nécessaire pour que la création puisse se déployer.
La quantité d’outils susceptibles de favoriser la créativité littéraire et de débloquer les empêchements d’écrire est importante.
Pouvez-vous nous donner des exemples ?
=> Un certain nombre d’entre vous, dans cette assistance, savent qu’ils disposent, comme moi, d’une mémoire visuelle. Pour permettre à l’écriture de se déployer, la contemplation puis la mémorisation d’une photo ou d’un tableau inspirant constituent la première marche.
L’art, quel qu’il soit, pictural, musical, architectural, etc, peut contribuer à favoriser notre propre créativité.
– Pour celles et ceux qui ont une source d’inspiration plutôt auditive, je fais aussi de temps en temps des séances avec de la musique.
– Quelle que soit la source d’inspiration, dans ces Ateliers, je crée un « cadre ». A partir de cette base, c’est parti pour des séances de remue-méninges où l’imagination s’exerce en toute liberté !
Carole nous distribue alors deux feuilles qu’elle a rédigées, et utilisées pour déclencher l’écriture dans ses Ateliers.
Nous trouvons cela à la fois drôle, étrange et inspirant.
Ainsi, des « INCIPITS » (premiers mots d’un manuscrit), extraits d’ouvrages qui ont rencontré le succès, comme :
« Il est le seul que j’aie voulu épouser.
J’étais alors un tout petit poisson dans une boîte en carton. Avec de minuscules poumons… »
(Extrait de « Mon premier amour », de Véronique OVALDE)
OU bien :
« J’ai coupé le contact. On n’entendait plus que le bruit des grosses gouttes de pluie qui, par intermittence, s’écrasaient sur le pavillon. Je suis descendu de la voiture. Un homme m’attendait… »
(Extrait de « Une belle vie avec Charlie », de Jean-Paul DUBOIS).
Incitation subtile de Carole, lors de ces Ateliers :
“Que vous inspirent ces incipits ? Choisissez-en un, laissez-vous entraîner !”
Notre assemblée de bénévoles investies dans des bibliothèques a aussi beaucoup aimé « LES 4 ELEMENTS », qui commencent par une invitation stimulante de Carole : « Inspirez-vous d’une de ces propositions pour écrire une histoire. Imagination au pouvoir ! »
Voici deux exemples de ces 4 éléments :
Un lieu : Un théâtre désert
Un objet : Un téléphone portable et une perche à selfie
Une personne : Ne le sait pas encore
Un moment : Un jour de pluie
OU bien :
Un lieu : Un train
Un objet : Un briquet
Une personne : Une femme prénommée Maria
Un moment : Le début du printemps
Carole nous précise que ces pistes d’écriture sont parfois suivies, parfois non. Mais peu importe, l’essentiel pour elle est que les participants s’autorisent à inventer, à se libérer de toute contrainte, et parviennent à rédiger ce qui leur tient à cœur.
Avec un sourire, Carole nous confie que les plus doués pour la structure du récit sont très souvent des scientifiques. Avec elles, avec eux, c’est merveilleux.
Quand on écrit, est-ce qu’on le fait pour soi-même ou pour être lu par les autres ?
=> La question est complexe…
Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’on est très seuls dans l’écriture.
On écrit d’abord pour soi, pour sortir ce qu’on a à l’intérieur de soi. Ça libère un certain nombre de tensions.
Et puis, quand on a la chance d’être publié, on s’aperçoit qu’être lu, c’est merveilleux. On est aussi interprétés, et le sens des autres parfois nous surprend. Le texte ne nous appartient plus, et cette désappropriation, c’est un vrai partage, même si c’est à notre insu.
Le partage est très probablement très présent dans vos Ateliers ?
=> Le partage est un mot clé de ces Ateliers.
Être tous à l’écoute du texte des autres.
Pour moi, l’écoute, c’est aussi être capable de rassurer la personne qui a parfois peur de se livrer.
C’est de convier en douceur des autrices / auteurs à revoir certains passages par un « Je n’ai pas compris ». Parfois, dans l’écriture, on en met trop ou pas assez.
Il s’agit pour moi d’aider chacun à déplier son écriture.
Je tiens à ce terme d’Atelier.
Pour concevoir et réaliser mes ateliers, je me suis beaucoup inspirée de ce qui se passe dans les Ateliers de peinture. Entre les plasticiens, il y a tout de suite un partage, comme une complicité devant la difficulté à rendre ce qu’on veut exprimer sur sa toile. Des échanges naturels se tissent aussi avec le regard du professeur.
J’ai toujours envie que ça communique comme ça aussi, dans les Ateliers d’écriture.
Se rencontrer, se voir, se détendre, se concentrer, se livrer. Tout ça dans une atmosphère propice à la création.
Comment se passe votre prise de parole en public ?
=> Ça dépend des jours. La prise de parole, pour moi, n’est pas toujours aisée.
Enfant et adolescente, j’étais timide. Et puis j’ai grandi. Paradoxalement, j’ai toujours aimé parler en public. J’ai donc travaillé ma voix pour qu’elle porte mieux.
Ce qui est stimulant, c’est que je dois me réinventer d’un atelier à l’autre, d’une année sur l’autre. Je suis habitée par ce sujet de l’optimisation de la création. Mais, très important, il faut aussi qu’il y ait une partie d’improvisation. La liberté et la créativité se conquièrent aussi en sortant des schémas pré établis.
Comme un écrivain public qui accompagne pour un projet personnel, je suis une accompagnatrice. Un exemple me vient à l’esprit, à propos des personnes qui veulent écrire au sujet de leur famille, de leur vie. Il y a parfois des histoires qui sont extraordinaires.
Tout, bien sûr, ne sera pas publié. Ce qui compte pour beaucoup de ces transcripteurs de leur histoire familiale, c’est d’exprimer leur perception de cette réalité, et de pouvoir en discuter avec leur entourage.
Dans ces Ateliers, pour moi, ce n’est pas le texte qui est primordial, c’est la personne.
Heureusement que j’ai fait une analyse !
Comment s’est déroulé votre partenariat avec la peintre Eve Grenet ?
=> Eve et moi, nous sommes dans une relation d’estime réciproque. Le fait que nous soyons géographiquement voisines a facilité notre réalisation, ensemble, du recueil « Les attrapes-rêves».
Sur certaines de mes Nouvelles, elle a tout de suite eu de l’inspiration et a créé une peinture qui fait écho à la Nouvelle. Elle est formidable, cette vraie rencontre entre un texte et une illustration. Il faut aussi que je vous précise que certaines toiles qui accompagnent quelques-unes des Nouvelles ont été créées par Eve bien avant qu’elle découvre mes textes. Pourtant malgré cette non coïncidence dans le temps, elles concordent très bien.
Carole, quels sont les autrices / auteurs que vous préférez ?
=> Oh, ma liste est longue !
Mais bon, je vous dis ce qui me vient à l’esprit maintenant.
– Je commencerais bien par Jean-Louis KERANGUEVEN, un poète contemporain breton d’origine, qui vit à Montpellier. La mer (M.E.R !) y est très présente. Ses thèmes de prédilection : la solitude dans l’acte de création, comment l’homme se situe dans le grand univers qui nous entoure.
– Comme Keranguéven, j’ai aussi un faible pour la littérature asiatique, avec une préférence pour le HAIKU. Ces poèmes japonais sont très courts car ils tiennent en 3 vers. Les haïkus évoquent les petits plaisirs de la vie que nous apporte la nature environnante. C’est très compliqué d’en rédiger en français et de si bien créer un rythme.
– Me vient à l’esprit aussi la revue de poésie « SOUFFLES », créée par l’Association des écrivains Méditerranéens, implantée dans la ville de Montpellier. Cette revue nous fait découvrir des poèmes contemporains qui deviennent une source d’inspiration.
– Enfin, j’évoquerais bien volontiers Pierre LEMAITRE, qui avait reçu le Prix Goncourt pour son puissant roman « Au revoir là-haut».
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Merci, Carole, pour vos réponses à nos multiples questions !
La créativité, les sources d’inspiration et les « pistes » variées que vous proposez dans vos ateliers stimulent l’envie de se réaliser à travers l’écriture.
Eh bien, il ne nous reste plus qu’à …