« Les Vivants au prix des morts », de René Frégni

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« Les vivants au prix des morts » par Françoise Pasco, le 5 juillet 2017

Ceux et celles qui ont participé en 2012 à l’AG de la CBPT organisé à Sète n’ont sûrement pas oublié le bel après midi passé en compagnie de René Frégni : ses talents de conteur, sa générosité, sa gentillesse, son érudition nous avaient passionnés.

Depuis, il a pris du galon, plusieurs fois invité de la Grande Librairie, il a droit ce mois-ci à une page entière du magazine Lire pour son dernier roman Les Vivants au prix des morts, sorti il y a quelques mois chez Gallimard.

Les Vivants au prix des morts, c’est l’annonce criée autrefois par les poissonnières de Marseille à la fin du marché qui bradaient leurs poissons et crustacés encore vivants « au prix des morts » !

Certes, on peut reprocher à René Frégni d’utiliser dans ses romans des épisodes de sa propre vie, des histoires liées à sa connaissance du milieu carcéral et des truands qui le peuplent grâce aux nombreux ateliers d’écriture qu’il a animés dans les prisons du Sud.

Dans celui-ci, il s’agit d’un bandit en cavale qui lui demande de l’aide et va l’entraîner dans une spirale infernale, à un moment où il n’aspirait plus qu’à jouir du bonheur de marcher dans sa chère Provence, d’admirer la nature qui s’éveille au printemps et d’aimer sa « fiancée des corbeaux », la douce et belle Isabelle.

Mais voilà, d’abord sa vie est un roman, et puis il parle si bien de la nature, de cette Provence qu’il adore, des fleurs, des arbres, de la lumière, des animaux et des petites gens qui la peuplent ; et puis ce questionnement malheureusement d’actualité : cette façon de vivre, contemplative, proche des beautés de la nature, cette confiance dans les qualités humaines perverties seulement par la pauvreté et l’injustice, n’est-elle pas une illusion alors que le monde est soumis à la violence, à la cruauté, au terrorisme … ? Et qui est réellement Kader, qui a détruit sa vie ?

A lire et à faire lire sans modération !

Françoise de Sète

La Sonate à Bridgetower, d’Emmanuel Dongala

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« La sonate à Bridgetower », par Françoise Pasco, le 11 mai 2017

A la bibliothèque de Sète, bibliothécaires et lecteurs avaient beaucoup aimé en 2010 Photo de groupe au bord d’un fleuve, de Emmanuel Dongala.

Dans ce nouveau roman l’auteur nous raconte la vie très romancée de George Bridgetower, qui débarque à Paris en 1789 avec son père qui se fait passer pour un prince africain. Ils sont tous deux mulâtres et George est un très jeune virtuose du violon. Il a été l’élève du grand compositeur Haydn.

Quelques concerts à Paris le font connaître, mais la prise de la Bastille et les événements qui suivent les obligent à se réfugier en Angleterre où il deviendra le protégé du Prince de Galles. A Vienne, il devient l’ami de Beethoven qui écrit pour lui une magnifique sonate qu’ils joueront tous les deux. Mais une banale querelle met fin à leur amitié et la sonate initialement dédiée à « il mulatto Brischdauer, gran pazzo e compositore mulattico » deviendra la fameuse Sonate à Kreutzer (qui d’ailleurs ne la jouera jamais, la jugeant trop complexe!).

Ce roman mêle les aventures de ce personnage hors du commun aux événements de cette période troublée (révolution française, prise du pouvoir par Bonaparte …) et évoque d’importantes questions de société soulevées par les philosophes des Lumières : esclavage, racisme, féminisme…

George est fasciné par ces idées nouvelles, rencontre Lavoisier, Monge, Borda, Condorcet, Olympe de Gouges, et tous les grands musiciens de son temps.

Ce roman à l’écriture et la construction soignées est vraiment passionnant et susceptible d’intéresser par les sujets qu’il aborde (musique, histoire …) un large éventail de lecteurs.