Chroniques « Il n’a jamais été trop tard » de Lola Lafon

«Il n’a jamais été trop tard», de Lola Lafon (Stock, janvier 2025, 227 pages) –
Présenté par Mireille Valcarcel ( St Georges d’Orques) le 26 mai 2025 –

L’auteur

  Lola LAFON est née en 1974 à Paris, d’un père français et d’une mère russo-polonaise qui, enfant juive, fut cachée à Vif en Isère, et au Chambon sur Lignon. Elle grandit en Bulgarie avec sa sœur aînée Isabelle Lafon, comédienne et metteur en scène, puis en Roumanie jusqu’à l’âge de 12 ans, à l’époque du régime de Ceausescu. Ses parents sont communistes et professeurs de littérature ; son père est « spécialiste de la littérature des«Lumières», et plus particulièrement « spécialiste de Diderot». Ils reviennent en France au milieu des années 1980. Elle étudie l’anglais à la Sorbonne, puis part en tant que fille au pair à New-York où elle suit une école de danse -elle danse depuis l’âge de 4 ans. De retour en France, elle fréquente les squats et les milieux autonomes. Au début des années 2000 elle crée le groupe de musique Leva, influencé par les musiques des Balkans avec lequel elle enregistre son premier album Grandir à l’envers de rien en 2006, sorti chez Label bleu.

Elle est l’auteur de sept livres, tous traduits dans plusieurs langues, dont La petite communiste qui ne souriait jamais (Actes Sud 2004), récompensé par une dizaine de prix, Chavirer (Actes Sud 2020) qui a reçu le prix Landerneau, le prix France Culture-Télérama et Quand tu écouteras cette chanson (Stock 2022), prix Décembre, prix des Inrockuptibles et Grand Prix des lectrices Elle 2023.

Le Livre

  Ce recueil rassemble ses chroniques publiées dans Libération en 2023-2024, basées sur l’actualité et les enjeux sociaux des faits divers de ces deux années, le tout étant ponctué de son point de vue et de ses expériences personnelles.

Loin d’être un simple miroir du désenchantement contemporain, ce livre est avant tout un manifeste d’attention au monde, un plaidoyer pour le doute et la nuance dans un temps où tout semble se simplifier à outrance.

A l’image de ce slogan lu sur un mur et qui donne son titre au recueil, elle nous pousse à combattre, à ne pas baisser les bras, à nous projeter vers l’avenir. Car oui, «Il n’a jamais été trop tard»

Extraits :

«Ces notes sont une matière, des couleurs et des textures, des humeurs disparates, un puzzle qui ne révèle aucun paysage connu. À quoi servent-elles ces notes ? A rien de précis, les mots ne “servent” pas, ils ne sont pas à notre service. Ils se prêtent à nos tentatives. On essaye de rattraper ce qui se dissipe, on revient sur ses pas et sur ceux des autres, on ne quitte pas trop vite les lieux, on tente de contredire notre persistance à avancer : écrire comme on retient, par la main ou par le coeur. Comme on raconte à un ami des silhouettes furtives, à peine rencontrées, tout juste croisées.»

«Que deviennent-ils, les mots qu’on n’a pas dits? Que deviennent-ils les gestes qu’on n’a pas faits ? Sont-ils quelque part, stockés dans notre cerveau, une réserve de belles intentions dans laquelle on imagine qu’on piochera un jour, un air bag existentiel ? Ou, au contraire, les gestes qu’on a pas faits, les mots qu’on a pas dits, s’accumulent, s’agglomèrent, et ils se calcifient, nous enferment dans un ciment de regret

Mireille Valcarcel (Bibl. St Georges d’Orques), le 26 mai 2025

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« Accoutumance à la nicotine » , de Thanassis Valtinos

Lors des rencontres autour des livres du 15 mai 2017,  Mireille Valcarcel (BPT de St Georges d’Orques) a présenté le livre de nouvelles « accoutumance à la nicotine« , de Thanassis Valtinos, paru en 2008 aux Editions Finitude :

« Accoutumance à la nicotine » de Thanassis Valtinos

C’est un petit livre de douze nouvelles. Elles sont tirées de deux recueils publiés en Grèce, la plus ancienne « Août 1948 » ayant été écrite en 1960. La première nouvelle de ce recueil lui en donne aussi son titre.
Thanassis Valtinos, écrivain et scénariste, est né en 1932 dans le Péloponnèse, une région de Grèce très présente dans son oeuvre. Après une enfance marquée par des tribulations familiales et les années d’occupation, il s’installe à Athènes où il vit encore aujourd’hui.
Ses écrits sont d’un style épuré, sans pathos, presque neutre… Descriptifs même parfois pour rapporter des événements intimes (dans « Ioannis Sidéris » ou « Panyotis » – qui portent les noms des personnages) ou des faits de guerre tragiques, des faits d’armes sans âme (« Août 1948 »), et on en retire pourtant une impression de mélancolie, de grâce résignée, faussement distante.
Alors, on peut penser que l’auteur est très présent dans tous ces portraits d’homme et de femmes ( comme dans « Sang pour sang ») et que de l’Histoire il en a fait sa propre histoire à travers les destins esquissés de ses compatriotes.

Mireille  Valcarcel