Roman “La petite bonne “, de Bérénice Pichat

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Roman  « La Petite Bonne » de  Bérénice PICHAT  (Les Avrils, août 2024, 272 pages.) –

par Mireille Valcarcel, (responsable de la bibliothèque de St Georges d’Orques), le 9 décembre 2024

Ce roman a été finaliste du Prix Fnac et a également fait partie de sélections pour d’autres prix

L’auteur 

  Bérénice Pichat est née en 1985 au Havre, où elle habite toujours. Elle est professeur des écoles et passionnée d’histoire, elle partage son temps entre enseignement et écriture.

La Petite Bonne est son premier livre chez Les Avrils, mais elle a écrit une trilogie aux éditions du Queyras, Les promesses des fleurs (T1 Ceux qui vivent encore, T2 La lignée des voleurs et T3 Etant donné le vent contraire) se passant après la première guerre mondiale dans une communauté montagnarde du Queyras : Comme dit la sagesse populaire : les fruits tiendront-ils la sagesse des fleurs ?


Le roman

  Ce roman raconte les répercussions intimes de la Grande Guerre dans la France des années 30

Résumé :

Dans les années 1930, La Petite Bonne est au service de plusieurs familles bourgeoises de région parisienne, dont les Daniel, un couple atypique composé d’un ancien pianiste, survivant de la bataille de la Somme dont il est revenu la « gueule cassée », amputé des membres inférieurs et les mains mutilées, et de son épouse. Poussée par son mari, cette dernière accepte exceptionnellement de passer un week-end à la campagne chez une amie ; et La Petite Bonne est chargée de s’occuper de Monsieur durant ces trois jours. Bérénice Pichat tisse sur cette durée de trois jours un huis clos bouleversant entre deux êtres que tout oppose, hormis le poids du destin, et où la tension nous happe dans un crescendo envoûtant.

L’écriture du livre est une alternance entre des vers libres et de la prose. Les vers libres sont associés à la voix de La Petite Bonne, des vers courts, simples, épurés, sans aucune ponctuation. Les retours à la ligne et le choix des mots créent une poésie et une musicalité qui soulignent les silences et marquent les respirations. La prose du récit, à l’élégance classique, composée de phrases courtes, elles aussi, porte les voix de Madame et Monsieur ; et cette prose poétique, est riche d’adjectifs et de descriptions.

C’est un roman court, tendu et sensible, qui oscille entre espoir et désespoir, au plus près des pensées et émotions d’Alexandrine, Blaise et de La Petite Bonne…

La fin est très inattendue mais tout à fait cohérente avec le reste du texte. Un roman sensible, plein de pudeur et d’humanité

Les avis de la presse:

Elle :« Un roman audacieux. Une poignante histoire »
Madame Figaro : « Un roman d’une grande force, d’une bouleversante humanité »
Libération : « Un huit clos qui surprend tout le monde »
Biba : « Un texte qui séduit par son audace et dont on ne prend la réelle mesure qu’en le refermant »

Extrait p 36 :

L’en-cas du soir est prêt
Dès le retour de Madame
Elle partira
Elle n’ose pas le laisser seul
Dans la maison vide
M
ême s’il l’est
S
eul
D
ans son salon
Elle reste à la cuisine
Chacun dans sa solitude
A guetter l’autre
Du bout de l’oreille
Du coin de l’œil
Sans un mot
La clé tourne dans la porte
Elle tire sur le cordon de son tablier
Salue à peine
Elle file dans la nuit

(…)

Elle est rentrée plus vite qu’elle ne l’avait imaginé. Ce temps loin de chez eux, elle a eu l’impression de le voler. Elle ne devrait pas. Il le lui a demandé. Lui qui ne demande jamais rien, il a exprimé sa volonté de la voir s’éloigner. D’abord, elle l’a mal pris. Elle s’est froissée, l’a traité d’ingrat. Elle a beaucoup pleuré. Puis elle a compris. Compris ce qu’il a vu, lui, bien avant elle. Tout ce qu’elle refuse d’admettre, comme elle déguise sa fatigue sous un entrain de façade qui ne trompe qu’elle. Alors elle l’a écouté. Avec des mots simples, sensés, Blaise l’a suppliée. Il lui a demandé d’avoir une vie, une vie à elle. Dans laquelle il ne sera pas. De sortir, de rencontrer des gens de son âge, d’avoir des amies, des dîners, des occupations qui ne soient pas celles d’une épouse d’invalide. Estomaquée elle l’a entendu lui décrire une autre réalité. Banale. Une existence sans histoire – sans leur histoire. Semblable au sort ordinaire de ceux qu’il observe par la fenêtre et qui passent sans les voir. Il lui a dit, il ne veut plus d’elle en permanence. (…)

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