Roman “La ballerine de Kiev” , de Stéphanie Perez (Ed. Récamier – Oct 2024 – 247 pages – 20,90 €) –
Grand reporter pour France Télévisions depuis plus de vingt-cinq ans, Stéphanie Perez s’est rendue plusieurs fois en Iran et a couvert plusieurs conflits, comme la guerre en Irak et en Syrie, ou récemment en Ukraine.
Après deux années de reportage, l’écrivain Stéphanie Perez a pu écrire ce roman très réaliste sur la vie actuelle en Ukraine, totalement perturbée par une guerre violente. Deux danseurs étoiles vont voir leur destin bouleversé dans ce pays qui semble s’écrouler sous les bombes .
Svitlana et Dmytro sont un couple de danseurs étoiles, à la scène et dans leur vie privée. « Nous communiquons à travers nos mouvements et la musique », nous disent -ils, et ils ajoutent : « la musique de Tchaïkovsky est notre alphabet intime » (p.11). Malheureusement, la première phrase de ce roman annonce une suite moins glorieuse : « C’est la dernière fois que nous dansons ensemble ». L’Ukraine est confrontée malheureusement à une autre musique : celle des bombes qui détruisent et étouffent toute musique symphonique. Nos deux danseurs voient leurs destins basculer : les immeubles sont détruits, les personnes confinées dans des caves, le ballet des danseurs de l’Opéra ne peut plus exercer son art dans de telles conditions. Les sirènes, et la peur de la mort rythment la vie des habitants. Certains s’enfuient, d’autres résistent et ce sera le cas de Dmytro : sa vie n’est plus sur la scène de l’Opéra, mais dans des tranchées boueuses. Svitlana est restée seule à Kiev angoissée par les nouvelles qui lui parviennent.
Nous partageons la vie de Dmytro confronté au pire dans cette guerre inhumaine, et aussi la vie de Svitlana, sa femme restée à Kiev ;ils ne s’entraînent plus et la danse leur manque véritablement; « le malheur rôde et le vent glacé transporte le souffle de la mort avec lui ».
A travers la destinée de ces deux héros, nous découvrons le quotidien de ces hommes et de ces femmes plongés dans une situation inhumaine. Certains perdent une jambe, un bras ou se laissent mourir. D’autres essaient de résister. Que vont devenir Dmytro et Svitlana ? Leur histoire est émouvante et nous la lisons avec émotion.
L’art ne peut rivaliser avec des évènements extérieurs aussi destructeurs. Les artistes ont-ils vraiment le pouvoir de s’élever au-dessus de la barbarie ? la réponse est dans ce roman qui se lit passionnément.
Patricia Laurentin (UTT et CHU/GdR)