«La maison vide» de Laurent MAUVIGNIER

Récit «La maison vide» de Laurent MAUVIGNIER, Editions de Minuit, août 2025, 744p
par Mireille Valcarcel, le 8 décembre 2025

 

Prix Littéraire Le Monde le 3 septembre 2025
Prix des libraires de Nancy – Le Point le 10 septembre 2025
Prix Goncourt le 4 novembre 2025

L’auteur


Laurent Mauvignier est né à Tours en 1967. Il obtient le diplôme d’arts plastiques des Beaux-Arts en 1991, et publie son premier roman, Loin d’eux, en 1999, aux Éditions de Minuit. Depuis, il a publié plusieurs romans, des textes pour le théâtre, et écrit pour la télévision et le cinéma.
Son univers est celui d’êtres en prise avec le réel, qui tentent de vivre leurs rêves malgré l’impossibilité que leur oppose la vie, et qui tentent de surmonter leurs traumatismes (qu’ils soient personnels – un suicide, une disparition – ou collectifs – le drame du Heysel, la guerre d’Algérie).
Il a écrit de petits livres : «Loin d’eux», «Apprendre à finir», «Ce que j’appelle oubli» et «Retour à Berratham» Et de plus amples :«Dans la foule», «Des hommes», «Autour du monde», «Continuer», « Histoire de la nuit»

 

Le livre

En exergue de son roman, une citation de René BOYLESVE :«Des paroles ou des bruits entendus, et qui nous ont pénétrés, peut-être à notre insu, remuent en nous un monde ignoré de nous-mêmes. »

Déjà mise en scène dans d’autres de ses livres, la petite ville de La Bassée, équivalent frictionnel de Descartes, en Indre-et-Loire, où l’auteur a grandi, est ici le cadre d’un vaste roman où le narrateur cherche à comprendre ce qui le rattache au XIXe siècle, si loin et pourtant si proche, même lorsqu’on se croit passé à une autre époque. Des années 1880 aux années 1950, trois générations se succèdent dans la grande maison, des arrière-grands-parents au père du narrateur, et leurs histoires résonnent jusqu’à la quatrième génération, par des formes de survie silencieuses.
Nous passons donc de ses arrières arrières grands parents, Firmin et Jeanne-Marie Proust, à Paul, Anatole et Marie-Ernestine, son arrière grand-mère à laquelle nous allons nous attacher, puis, à Marguerite sa grand-mère, mystérieusement disparue des photos de famille puis, à son père, André. Laurent Mauvignier dans cette oeuvre monumentale part de personnes réelles pour en faire des personnages.

Que faire lorsqu’on est l’héritier d’«allusions» et d’«anecdotes» ? «C’est parce que je ne sais rien ou presque rien de mon histoire familiale que j’ai besoin d’en écrire une sur mesure, à partir de faits vérifiés, de gens ayant existé, mais dont les histoires sont tellement lacunaires et impossibles à reconstituer qu’il faut leur créer un monde dans lequel, même fictif, ils auront eu une existence.» nous dit-il

Le style de Laurent Mauvignier est une sensibilité au langage, il dit l’indicible et les silences, et ses phrases sont faites de nombreuses circonlocutions ne serait-ce que pour effleurer le mot qui décrirait le plus véridiquement possible un sentiment ou une émotion ressentie par l’un des personnages…

Extrait d’une critique d’ Hugo Pradelle, dans En attendant Nadeau, dont le titre est «La résistance de la littérature» :«Oui, c’est ça qui vient à l’esprit, quelle densité, quelle profondeur, quelle audace, et combien d’obstacles, et quel rythme, quelle énergie, quelle avancée de la prose pour dire quelque chose qui échappe… Il faut dire ça, immédiatement. Car on l’éprouve. Non pas simplement dans la lecture même – sa progression –, mais dans tout ce que le texte, oui le texte, charrie d’émotions et d’idées, de prouesses formelles et de réflexions sur l’objet même qui s’offre à lire. Il faut exprimer franchement l’émoi très profond qui saisit la sensibilité du lecteur, qui le pousse dans des retranchements, qui l’emporte dans une forme qui le dépasse, le submerge, puis le libère du poids d’une vie, d’un passé toujours mystérieusement présent. Une émotion – assez rare, avouons-le, pour la souligner – qui permet de penser, d’interroger les formes de ce que l’on raconte, de réfléchir la puissance de la littérature dans l’existence.»

Mireille VALCARCEL

Un grand merci à Catherine Jorgensen qui nous a fredonné le début de la chanson de Polnareff : https://www.youtube.com/watch?v=55RRc86aJcY

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