A.G. CBPT 34 : le mot d’accueil de Patricia Laurentin

             

  Ci-dessous le texte imaginé et prononcé par Patricia Laurentin en ouverture de l’assemblée générale .

 

Assemblée Générale 2023 CBPT  – La Grande Motte

Il était une fois, un homme qui n’y croyait pas.

Il était une fois une ville qui s’appelait Callage.
C’était un grand projet : il s’agissait d’implanter dans un vaste territoire marécageux une ville qui serait aussi un port.
Ça a mal fini ! Il n’y croyait pas !
Je cite : « Il reste des grandes ruines, un port à demi comblé, des machines ensablées rongées de rouille. La plage s’arrachant à la mer était montée à l’assaut des murailles ». (fin de citation)

Mais, il y a un problème !
Cette histoire n’a jamais existé ! …si ce n’est dans l’imagination d’un écrivain-poète qui l’a racontée dans son roman « L’homme de sable ». Cet écrivain s’appelle Jean Joubert ( décédé en 2015 à Montpellier) ; il a vu La Grande Motte sortir du sable, il l’a appelé Callage et lui a jeté un mauvais sort. Cette ville qui devait être une étoile fut ensablée par l’écrivain. Quoiqu’il en soit, son roman « l’homme de sable », rédigé en 1975, fut encensé par le monde littéraire et récompensé par le prix Renaudot de la même année.

Il était une fois un homme qui y croyait !

Il allait rallumer cette étoile ensablée …
Ce fut un grand projet . Les amis de cet homme, sceptiques et narquois, « le croyaient fou ! » : Comme le Petit Prince de St Exupéry, il leur dira en regardant le ciel : – Oui les étoiles, ça me fait toujours rire ».
Il s’appelait Jean Balladur (cousin de l’ancien Premier Ministre).
Sa ville s’appela : « La Grande Motte », il l’a créée ex nihilo.

Il était poète, je le cite : « Un crayon et un carnet à dessin à la main, assis sur les dunes qui bordaient la plage, je me laissais bercer par la rumeur régulière du flux et du reflux de la mer et des soupirs du vent. (…) Ma rêverie caressait le site, cherchant à lui faire dire ses propres penchants ».

Il était écrivain, je le cite : « Les pyramides quittent l’horizontale du sol par une pente, s’élèvent et rejoignent le sol par une pente descendante » (…) « Ces volumes pyramidaux soulèvent la terre comme des vagues successives » (…) « Sans brutalité ! » ajoute-t-il.

Il était architecte, je le cite : « C’est à l’architecture qu’incombe la terrible responsabilité de rendre « réel » le monde de l’imaginaire humain.

La ville de La Grande Motte a été récompensée par le label « Patrimoine du XXème siècle », attribué par le Ministère de la Culture et de la communication. Le récit de cette aventure est racontée par l’architecte dans ce très beau livre intitulé « La Grande Motte ».
L’homme qui y croyait et celui qui n’y croyait pas se sont réconciliés : Jean Joubert a rédigé une préface élogieuse du livre de Jean Balladur.

Vous partirez cet après-midi à la découverte de La Grande Motte, une ville unique en son genre !

J’habite La Grande Motte depuis 23 ans.

Quand JE serai bien vieille, au soir à la chandelle,
Assise auprès du feu, tricotant et lisant,
dirai, chantant ses vers, en m’en émerveillant :
« Balladur me célébrait du temps que j’étais belle »

Quand VOUS serez bien vieille, au soir à la chandelle
Assises auprès du feu, bavardant ou lisant,
direz, chantant CBPT, en vous émerveillant :
« les lecteurs nous célébraient du temps qu’on était belles ».

Quand NOUS serons bien vieilles, au soir à la chandelle,
Assises auprès du feu, tremblotantes et lisant,
dirons, chantant la Présidente, en nous émerveillant:
Dany a eu bien du mérite : elle ira droit au ciel.

Vivons, si m’en croyez, n’attendons à demain
Lisons dès aujourd’hui les pages de la vie.

*****

Bonne Assemblée Générale dans la cité des Pyramides.

Mars 2023 – Interview d’une bibliothécaire bénévole en milieu médical

INTERVIEW  de Nicole TUECH, bénévole CBPT à la clinique du Castelet (Centre de Rééducation Fonctionnelle) à St Jean de Védas.

par Maryvonne Sendra

Toutes celles et ceux qui aiment les livres connaissent les bibliothèques !
Municipales ou privées, présentes dans des petits villages ou dans de grandes villes, elles sont accessibles à tout un chacun. Le plaisir de découvrir encore et encore la littérature est toujours au rendez-vous. Mais peu d’entre nous savent que des bibliothèques sont également présentes dans des structures médicales.

Mais en quoi consiste le bénévolat qui s’exerce dans des bibliothèques intégrées dans des structures médicales ? Pour nous aider à bien nous représenter cette mission bénévole, nous avons interviewé Nicole TUECH, bénévole qui s’investit dans le domaine culturel.

Nicole, nous t’écoutons !

Nicole Tuech
                                   Nicole Tuech

Nicole, depuis combien de temps es-tu bénévole au sein de l’association Culture et Bibliothèque Pour Tous, et pourquoi as-tu choisi ce bénévolat qui s’exerce dans le domaine littéraire ?

Ça fait maintenant 10 ans que je suis bénévole.
Alors, pour répondre à ta question de la raison pour laquelle j’ai choisi de m’investir dans le domaine de la culture, des livres, je dois d’abord te dire que je suis quelqu’un assez actif. Quand je me suis retrouvée à la retraite, je savais que je m’investirai dans une action bénévole, mais je ne savais pas encore laquelle.

C’est incidemment que s’est présenté ce bénévolat !  Je faisais de la peinture sur porcelaine, et j’ai sympathisé avec Catherine Giraud, comme moi aimant la peinture, quel que soit le support, toile ou porcelaine. Catherine était à l’époque Responsable des achats des livres dans l’Association CBPT Culture et Bibliothèques Pour Tous de l’Hérault. Et c’est elle qui m’a embarquée dans ce bénévolat ! Je lui en suis encore reconnaissante.

Dans la vie, on a parfois des séries de bonnes choses qui se présentent à nous. Ainsi, dans la foulée, Alix Clausel, alors Présidente de CBPT 34, m’a proposé une mission bénévole. J’ai dit tout de suite oui. Il faut dire que je lui faisais une entière confiance car on se connaissait depuis des années.

C’est-à-dire ?

Eh bien, à l’époque où je vivais une vie professionnelle active, nous étions collègues. On travaillait en effet toutes les deux à Paris, dans la même banque. J’avais fini mes études de droit, et j’étais cadre.

Puis nous nous sommes perdues de vue. Mais quand on s’est retrouvées dans le cadre de CBPT, on s’est tout de suite reconnues, malgré les années passées !

Tu as toujours travaillé dans le secteur bancaire ?

Non, j’aime toujours les défis qui se présentent. Mon mari, qui avait une formation de journaliste, a monté une agence de publicité. Et je me suis investie dans son entreprise. Alors, je ne suis pas du tout créative, et ce n’est donc pas moi qui trouvais les bons slogans qui font mouche. Non, j’étais Chef de pub, je développais la relation avec les clients pour connaître leurs besoins.

Et les livres, dans tout ça ?

Oui, en filigrane de tout ça, les livres ont toujours accompagné ma vie. J’aime rentrer dans l’univers des auteurs, et ça ne m’a jamais quittée.

Dans quelles bibliothèques as-tu exercé ton bénévolat ?

J’ai commencé par suivre une formation dispensée par CBPT. Elle n’est pas obligatoire mais elle est recommandée. A l’issue de cette formation interactive et cordiale, on m’a délivré une capacité d’exercer. Ce n’est pas un diplôme, ce n’est pas qualifiant, et les jeunes bénévoles qui font cette formation le savent. Mais s’ils recherchent un poste rémunéré dans une bibliothèque, cette expérience bénévole peut les aider.

J’ai commencé mon bénévolat à la Bibliothèque de Saint-Jean de Cuculles, très joli village médiéval qui a beaucoup de charme avec son architecturale romane. Ça me plaisait beaucoup de recevoir les lecteurs, d’être attentive à leurs goûts littéraires, de les conseiller dans leur choix.

Puis, en 2014, on m’a proposé de faire du bénévolat à la clinique du Mas de Rochet, à Castelnau-Le-Lez. En effet, à cette époque-là, CBPT y a ouvert une bibliothèque. Cette clinique est spécialisée en onco-hématologie, en gériatrie, et elle dispose d’une unité de soins palliatifs. J’ai accepté mais mon bénévolat à la clinique du Mas de Rochet n’a duré que 6 mois. En effet, je me suis sentie trop fragile pour m’investir auprès de patients en soins palliatifs.

Je suis donc retournée à Saint-Jean de Cuculles, où j’ai passé avec joie pas mal d’années. En 2017, CBPT m’a proposé de prendre la responsabilité de la gestion de la bibliothèque. J’ai bien sûr accepté, et les années ont filé harmonieusement.

Actuellement, tu t’investis à la clinique du Castelet, à Saint-Jean de Védas, qui est un Centre de Rééducation fonctionnelle. Cette activité bénévole en milieu médical est très peu connue du grand public.
Peux-tu nous dire en quoi consiste ce bénévolat ?

La clinique du Castelet

Je suis arrivée au Castelet parce que la bénévole qui avait la responsabilité de notre bibliothèque, et s’y était longtemps investie, a choisi de « passer la main ». Il fallait donc prendre la relève. Nadine Martinez partage avec moi la responsabilité de la bibliothèque.

Alors, au Castelet, notre bibliothèque est située au rez-de-chaussée, juste à côté de l’ascenseur. On a donc une bonne visibilité.Tous les lundis, nous assurons le prêt de livres, de 16h30 à 19h00.

Important à savoir : on ne se déplace jamais dans les chambres, ce sont les patients qui viennent à nous. Notre bibliothèque est un lieu de rencontres. Certaines personnes viennent pour la joie de discuter. Certains empruntent un livre, d’autres non, mais tous apprécient de parler. Et puis, cette clinique du Castelet est un lieu très vivant. Qu’ils soient en fauteuil, avec des béquilles ou en déambulateur, les gens bougent tout le temps.

On a beaucoup de livres, avec une grande étendue de choix. C’est en demandant aux amateurs de littérature quelles sont leur préférences qu’on peut les aider efficacement à trouver « le » bon bouquin qui leur convient. Ce qui est stimulant aussi, c’est qu’on réussit parfois à faire aimer la lecture à quelques-uns !

 

Le prêt de livres dans une structure médicale s’avère être à la fois une ouverture à la littérature et la cordialité de liens humains !

Oui, tout-à-fait. Parfois, il arrive que des patients aient surtout envie de parler de leurs problèmes de santé. Bien sûr, par respect, écouter, mais il faut toujours ramener aux livres qui peuvent pour beaucoup contribuer à les faire s’évader des contraintes de leur santé. Ce qui est émouvant aussi, c’est que, d’une semaine sur l’autre, il y a des gens qui nous attendent. Il est même arrivé qu’on me demande un livre, que je n’ai pas à la Clinique du Castelet. Qu’à cela ne tienne, je vais aller le chercher à la Bibliothèque de Saint-Jean de Cuculles, et la semaine d’après, ils l’ont entre les mains !

Nicole, peux-tu nous préciser ce qui t’a motivée pour exercer ton bénévolat culturel en milieu médical ?

(Sourire de Nicole). C’est le milieu médical qui est venu à moi ! C’est Alix, alors Présidente de notre assoc., qui m’a sollicitée. Et j’ai dit oui. Quand j’ai commencé, je n’avais aucune idée préconçue. Par contre, j’avais une seule certitude, c’est que je ne pourrais pas m’investir auprès d’enfants. Je n’aurais pas pu voir souffrir des enfants. C’est peut-être uniquement dans ma tête. J’aurais peut-être pu le faire en voyant leurs yeux pétillants.

Nous en venons maintenant au « donner – recevoir » des actions bénévoles. Un investissement bénévole ne peut pas s’inscrire dans la durée si on ne fait que donner. On a vu ce que tu apportes aux patients quand tu donnes de ton temps, de ton énergie, de ta présence humaine. Peux-tu nous dire ce que les patients lecteurs t’apportent ?

Je suis contente de les rencontrer. J’aime beaucoup quand ils me répercutent des critiques de livres qu’ils viennent me rendre. J’ai plaisir à percevoir leurs préférences littéraires, et à les conseiller. J’aime aussi écouter et être en lien humain, tout simplement.

Aux internautes qui liront ton interview sur le site internet de notre association Culture et Bibliothèques Pour Tous de l’Hérault, et qui souhaiteraient devenir bénévoles dans notre structure, aurais-tu un « message-clé » à leur fournir, pour favoriser leur engagement ?


Le livre est essentiel dans la vie. On s’évade, on apprend, on partage beaucoup avec les autres.

Avec ce bénévolat, on conjugue toutes ces joies !