Delphine HORVILLEUR « Vivre avec nos morts »Ed. Grasset – Mars 2021 – 19,50 € – 222 pages
Lecture de Patricia Laurentin – Mai 2021 .
(P.82) « A la mort de ma grand-mère, on m’a tenue à distance. Je n’ai pas été conviée à son enterrement. J’avais 12 ans ». En pensant à certains épisodes de sa jeunesse, Delphine Horvilleur est maintenant Rabbin, confrontée à la vie… à la mort …
Delphine Horvilleur nous emmène sur la route de ces familles endeuillées, un peu perdues face au défi de la mort. Très imprégnée de sa culture juive, elle essaye de donner un sens a ce qui semble ne pas en avoir. Pour elle, « vivre avec nos morts », ce sont ces petits cailloux qu’elle dépose sur la tombe de son amie Elsa. Ces cailloux, mieux que des fleurs qui se fanent, « racontent la place inaltérable qu’occupent les disparus dans la vie de ceux qui leur survivent. (…) C’est déclarer à celui ou celle qui repose dans la tombe que l’on s’inscrit dans son héritage », nous dit-elle.
Au-delà de ce beau geste symbolique, Delphine Horvilleur pose les grandes questions de ce moment si difficile à appréhender pour celui qui va mourir et pour ceux qui restent. Préférant l’écoute des familles et des amis aux grands discours philosophiques, elle nous livre un témoignage émouvant sur son expérience de maître de cérémonie des enterrements. Sa jeunesse et son humanité sont réconfortantes. Elle ne nous cache pas qu’elle doit se préserver « en tenant son émotion à distance ; ma présence doit incarner la possibilité d’une stabilité, la promesse d’une continuité. », nous dit-elle .
Un livre simple pour tous, avec un titre qui doit faire réfléchir, et non pas inquiéter.