Présenté par Vincent Giarmoléo (clinique Saint Roch) lors de la rencontre du 14 octobre 2019
LES CHOSES HUMAINES, de Karin TUILL
Karine Tuil est une romancière née en 1972, juriste de formation. Ce livre est son 11è roman.
Résumé du livre :
En apparence, le couple Farel est étincelant, sur le plan rofessionnel. Lui, Jean, est un journaliste politique, une star de la télé. Sa femme, Claire, plus jeune de 27 ans, est une essayiste connue pour ses engagements féministes.
Ils ont un fils, Alexandre qui fait des études brillantes dans une université californienne. Sur le plan conjugal, le couple se sépare. Claire part vivre avec un nouveau compagnon, Adam, prof de français.
Un drame surgit dans ce contexte de séparation récente lorsque Alexandre, de passage à Paris, fait la connaissance de Mila, la fille d’Adam. Lors d’une soirée entre étudiants, les deux protagonistes sous l’effet de l’alcool et de la drogue s’isolent dans un local à poubelle pour fumer et Alexandre prendra alors l’initiative d’ un rapport sexuel avec la jeune fille, vécu comme un viol par Mila qui portera plainte. Alexandre niera farouchement le viol mais reconnaîtra et regrettera l’ humiliation liée à un pari déshonorant (ramener la culotte de la jeune fille comme « trophée à la soirée étudiante) ainsi que l’usage de propos grossiers pendant le rapport sexuel.
Dès lors, l’auteur s’attache à décrire avec minutie la procédure judiciaire ainsi que la chute professionnelle des Farel confrontés à l’emballement médiatico-judiciaire.
Analyse
Ce roman m’a captivé par son écriture efficace, sans fioritures et par ses personnages bien campés, qui incarnent vraiment leurs idées et leur déterminisme psycho-social.
Ce récit nous interroge sur les relations homme-femme, la violence sexuelle, la culture du viol mais aussi sur la complexité de certains agressions sexuelles avec cette notion de « zone grise » où la frontière entre le consentement passif et l’agression sexuelle pure et simple s’avère parfois ambiguë.
Il nous fait vivre de l’intérieur la machinerie judiciaire. Le procès d’Alexandre est très bien décrit, les plaidoiries sont passionnantes, elles deviennent le théâtre des passions et des ambivalences humaines
L’auteur s’intéresse aussi à la problématique du féminisme d’aujourd’hui, à certaines dérives et à la dégradation du métier de journalisme.
Karine Tuil prend tous ces sujets à bras le corps, sans langue de bois, elle fait preuve d’une vraie force de conviction, c’est selon moi, un roman courageux.