Paroles d’une nouvelle bénévole – par Maryvonne Sendra, le 24 mai 2024 –
Evelyne a récemment rejoint Culture et Bibliothèques Pour Tous de l’Hérault (CBPT 34).
Quelles sont ses motivations ?
Comment a-t-elle été intégrée à l’équipe des bénévoles bibliothécaires de la Clinique Saint-Roch ?
Qu’apporte-t-elle aux patients ?
Et que retire-t-elle de son investissement dans le domaine culturel ?
Evelyne MICHEL, nouvelle bénévole CBPT 34 à la Clinique Saint Roch
- Evelyne, depuis combien de temps es tu bénévole à CBPT ?
Depuis le mois de janvier, cela fait maintenant un peu plus de 4 mois.
- Comment est né ton souhait de devenir bénévole dans le domaine culturel ?
Lorsque mes enfants étaient scolarisés en primaire, je m’occupais avec leur maîtresse de la bibliothèque de l’école.
Plus tard, je me suis investie au sein d’une association, où je faisais de l
’aide aux devoirs. La chance aussi, c’est d’avoir pu constituer une mini bibliothèque avec des dons de livres pour enfants. J’en ai fait profiter les enfants dont je m’occupais, qui ne lisaient pas, et je crois que j’ai réussi à en intéresser plusieurs.
Ces deux expériences m’ont beaucoup apporté.
Dans la foulée, j’ai souhaité m’engager avec une vraie bibliothèque, et me voilà !
- Dans le département de l’Hérault, avec ses 148 bénévoles, l’Association CBPT est très présente. Comment as-tu eu connaissance de son existence ?
J’ai dû arrêter mon bénévolat quelques années, suite à des problèmes de santé.
Lorsque j’ai voulu reprendre, je suis allée à France Bénévolat. Je savais depuis longtemps que c’est grâce à l’action de France Bénévolat que les Associations peuvent augmenter leur nombre de nouveaux bénévoles.
France Bénévolat m’a très bien reçue, et ils m’ont mise sur la piste de plusieurs associations possibles. Ensuite, je me suis renseignée plus précisément, en allant sur le site internet des associations qui m’avaient été conseillées en fonction de mes aspirations.
Alors, je ne te cache pas que Culture et Bibliothèques Pour Tous m’attirait beaucoup car j’adore lire. Mais je me suis dit que n’ayant pas de formation littéraire, je n’allais pas correspondre au « profil » des bénévoles, à leurs besoins. J’ai pensé que c’était un peu trop culturel pour moi. Mais j’ai quand même fait la démarche de les rencontrer !
C’est grâce à :
– Dany Schneider, la Présidente de CBPT 34
– Et à Anick Jouen, Responsable de l’équipe de bénévoles de la Clinique Saint Roch
que je suis aujourd’hui devant toi, et j’en suis ravie !
- Venons en à la Clinique Saint Roch où tu t’investis tous les mardis après-midi.Comme tu le sais, les bibliothèques de CBPT sont :
– des bibliothèques de villes ou de villages, en partenariat avec les Municipalités,
– et des bibliothèques intégrées dans le milieu médical et paramédical (Cliniques, Centres de Réadaptation, Maisons de repos), où s’exerce un partenariat avec ces structures.=> Peux-tu nous dire ce qui t’a amenée à choisir préférentiellement le domaine médical ? Est-ce un choix ? Un hasard ?
Un peu des deux ! Moi, ce qui m’attirait, c’est le domaine littéraire. J’ignorais totalement que ce bénévolat pouvait aussi s’exercer en milieu médical ! Quand la présidente Dany Schneider, qui m’avait rapidement contactée, m’a expliqué qu’ils avaient un besoin assez urgent de bénévoles pour la clinique St Roch, elle a su me décider. J’ai eu aussi la chance de rencontrer le même jour Anick Jouen, Responsable de la bibliothèque de la Clinique Saint Roch. Elle a aussi contribué à me donner confiance en moi.
Enfin, maintenant que je m’investis dans une clinique, je réalise à quel point nos relations autour des livres avec les patients sont riches et agréables.
Et puis, nec plus ultra, la Clinique Saint Roch est très bien desservie par le tram Sabines
!
- A la Clinique Saint Roch, l’équipe de bénévoles prête aux patients de passage des livres (souvent des Nouvelles), des BD et des magazines :
– dans le Service de Maternité,
– et dans les Services de Chirurgie (chirurgies orthopédique, gynécologique, maxillo-faciale, plastique et reconstructive, ainsi qu’en médecine interne et gériatrie). - => Tu viens d’évoquer la qualité des liens qui se créent spontanément avec les patients. Peux-tu nous en fournir quelques exemples ?
D’abord, il faut savoir qu’il est très rare qu’on retrouve les mêmes patients, d’une semaine sur l’autre, car les séjours sont en général très courts.
Cependant, le petit moment que l’on passe auprès de chacun d’eux peut créer une proximité : il m’est arrivé plusieurs fois de proposer un livre ou une bande dessinée à un patient qui l’avait déjà lu, et avait bien aimé, alors on échange un peu.
Un jour, en chirurgie, alors que je me présentais, un monsieur m’a dit : « Oui, je sais, je suis déjà venu me faire opérer il y a deux ans, et votre collègue m’avait fourni des livres, je vous attendais avec impatience ! Alors, aujourd’hui, vous me proposez quoi ? »
Ce que je préfère dans ce bénévolat, c’est le sentiment qu’on apporte vraiment quelque chose aux patients ; ils sont généralement heureux de nous voir.
Même en maternité, lorsqu’on dit qu’on est de la bibliothèque, la première réponse des patientes est qu’elles ont surtout besoin de se reposer. Mais lorsqu’on leur propose des petits fascicules hyper bien faits, explicatifs, concernant leur maternité et les bébés (Comment les allaiter ? Comment leur faire de doux massages ? etc), elles sont ravies.
Elles sont souvent étonnées, mais toujours très heureuses de pouvoir aussi emprunter des livres pour leurs enfants aînés, qui vont venir découvrir leur nouveau petit frère ou leur nouvelle petite sœur.
Et puis, on distrait les patients, on leur change les idées quand ils sont centrés sur leur maladie, leur opération, ou leur bébé. Ils aiment par exemple prendre des revues, comme Géo, ou des livres de fiction, ou policiers, qui les font voyager loin en pensée pendant un moment.
L’autre jour, en maternité, un jeune couple a commencé à me dire qu’ils ne voulaient rien (en fait, la dame était en observation, à quelques mois de grossesse), et tout à coup le monsieur m’a dit : « Attendez, vous avez parlé de bandes dessinées, j’aime bien les bandes dessinées moi, cela va nous changer », et il est sorti en choisir quelques-unes, on a un peu discuté des auteurs qu’il aimait, il avait l’air content de son choix lorsqu’il est rentré retrouver sa conjointe.
- Qu’en est-il de la notion d’équipe que les bénévoles forment en s’investissant ensemble ?
Là je vais parler de mon expérience personnelle à St Roch : j’ai été accueillie de façon extrêmement chaleureuse par l’équipe de St Roch, tout le monde m’a de suite mise à l’aise, me faisant part du ressenti de chacun… j’ai de suite senti une équipe bien soudée, qui partageait des anecdotes à la fin de la tournée.
Il y a aussi beaucoup d’entraide, puisqu’on se sépare en deux pour la tournée, entre la maternité d’une part, et les étages (chirurgie, gériatrie..) de l’autre.
Celles qui ont fini les premières ne partent pas, mais aident les autres à finir de ranger, tout en discutant de l’après-midi passée, c’est une ambiance vraiment très amicale.
Nous discutons aussi des livres que nous venons de proposer, ceux que nous préférons, et c’est particulièrement enrichissant car nous sommes très différentes et ne sommes pas attirées par les mêmes lectures; j’ai pris beaucoup de plaisir, par exemple, à lire, sur le conseil de l’une d’entre nous, des bandes dessinées relatant la vie d’artistes, alors que je ne l’avais jamais fait auparavant.
- CBPT 34 a récemment formé 10 nouveaux bénévoles, pour faciliter leur maîtrise de de la gestion de leurs Bibliothèques. Cette formation n’est pas une obligation. Es tu tentée de t’y inscrire ?
Je ne souhaite pas faire cette formation, et n’ai aucunement le désir de gérer une bibliothèque. Cela ne m’intéresse pas, et honnêtement, les autres personnes de l’équipe sont bien plus qualifiées que moi pour cela. Je dis bravo aux bénévoles dans l’exercice de la gestion des centaines de livres qui constituent la Bibliothèque de la Clinique Saint Roch.
- Evelyne, peux-tu nous dire ce qui t’apporte le plus de joie dans l’exercice de ton bénévolat ?
Justement, moi, ce que je préfère, c’est le contact avec les patients, l’impression de leur apporter quelque chose, qu’ils sont un peu plus en forme après mon passage.
Mais je ne voudrais quand même pas minimiser le plaisir de retrouver les membres de l’équipe, toutes les semaines ; je l’ai déjà dit, c’est très amical, et nous discutons aussi de nos lectures ; depuis que je fais partie de cette équipe, j’ai découvert plusieurs auteurs que je ne connaissais pas, quelques-uns dont j’ai beaucoup aimé lire les ouvrages que je me fais maintenant un plaisir de proposer aux patients.
- L’Association CBPT 34 développe un beau partenariat avec la Clinique Saint Roch.
Peux-tu nous dire quelques mots sur la qualité des rapports entre les bénévoles et le personnel de la Clinique, qu’ils soient cadres de santé, infirmières, aide-soignant ou médecins ?
Nos rapports avec le personnel de la clinique sont très cordiaux.
Le mardi, j’arrive généralement la première, et je passe à l’accueil chercher la clé de la bibliothèque, et prendre les livres restitués par les patients. J’ai un petit échange amical avec les deux personnes de l’accueil, même s’il n’est pas bien long car elles sont toujours très occupées.
Et puis, à notre arrivée dans les étages, nous allons tout d’abord frapper à la salle de soins pour savoir s’il y a un problème particulier dans une chambre, et là encore nous échangeons très simplement avec les infirmières. Elles font toujours leur possible pour faciliter notre tournée, et avec gentillesse, alors qu’elles ont beaucoup d’autres préoccupations.
Un seul regret : elles sont toujours tellement occupées que très peu nous empruntent des livres… mais cela va sans doute évoluer !
- Enfin, une partie des bénévoles de CBPT sont venus à nous via notre site internet.
Qu’aimerais tu exprimer aux internautes qui sont tentés de faire du bénévolat au sein de l’association ?
Je ne saurai pas me prononcer concernant l’association en général, que je ne connais pas encore très bien ; je ne suis pas encore allée à une assemblée générale…Mais ça ne va pas tarder car la prochaine AG aura lieu à Lattes, dans une oliveraie, en juin prochain. J’ai hâte de découvrir la grande équipe que nous formons dans le département de l’Hérault. En plus, sur place, on pourra communiquer et nous enrichir de l’expérience des autres.
Par contre, je peux donner mon ressenti concernant le bénévolat en milieu médical : c’est quelque chose qui m’était totalement inconnu, je m’étais jusqu’alors plutôt investie en milieu scolaire ou parascolaire. Et je suis ravie de mon choix, j’ai vraiment l’impression d’apporter un peu de chaleur aux personnes que je rencontre à la clinique, qui elles-mêmes m’apportent beaucoup.
Et puis aussi, je sais que mon action de bénévole à la clinique correspond à un vrai besoin : nous ne sommes pas très nombreuses à St Roch, et nous aimerions pouvoir consacrer encore un peu plus de temps à chaque patient.
En conclusion, je dirais aux futurs nouvelles et nouveaux bénévoles : Bienvenue à vous !
Il n’est pas nécessaire d’avoir fait des études littéraires pour s’épanouir dans l’exercice de ce bénévolat. Ce bénévolat est ouvert sur les livres, la culture, mais aussi sur autrui. La joie réciproque de partager autour de ces prêts est à chaque fois renouvelée.
Merci, Evelyne, d’avoir donné envie de contribuer à ces joies partagées !