Roman “Par les routes ” de Sylvain Prudhomme (L’arbalète, 296 pages)
Présentation groupée de Sylvie Levy et Régine Oltra (stagiaires CBPT)
Sylvain Prudhomme est né en 1979, ses romans et reportages ont été remarqué . “Par les routes” est son huitième roman. Il a obtenu le prix Femina 2019.
Nous avons évité de faire le résumé d’un livre où il ne se passe presque rien et avons choisi d’en montrer la singularité .
1- la première de couverture (regard du personnage ; Qui est-il ??)
2- les mystères : les deux hommes se sont quittés il y a 20 ans , les raisons n’en sont jamais données . L’auto-stoppeur lui même ne sait pas pourquoi il part sans cesse ni ce qu’il cherche . A la fin l’auto-stoppeur disparaît (pour quelle raison ??, pour toujours???)
3-les noms propres , ils sont très nombreux (les villages notamment ) or , la ville du Sud où habitent les personnages reste “V” et ni le prénom ni le nom de l’auto-stoppeur ne sont jamais mentionnés .
4- la référence à l’ouvrage de Kerouac ” Sur la route ” est intéressante ; dans ce livre également il y a un triangle amoureux et le thème est le même .
5- le personnage de l’auto-stoppeur a été vu comme un grand manipulateur mais aussi comme un homme en quête permanente de l’autre .Il reste attachant malgré son égoïsme .
6- le dénouement peut rappeler les emprises que peuvent avoir les” gourous”dans les sectes sur les foules .
Certaines citations relevées dans le livre illustrent les personnages .En voici quelques unes
P18:”J’ai pensé à l’auto-stoppeur .A cette fable qui m’était un jour revenue, juste avant que je lui demande de sortir de ma vie”.Il s’agit d’une amitié de jeunesse rompue depuis 20 ans .
P94:”Il savait toutes les aires de stationnement.il pouvait dire les stations -service les moins chères , les plus accueillantes, les mieux arborées .Celles où les gérants de la cafétéria le laissaient en paix. lI savait celles qui fermaient la nuit ,et où vous pouviez être sûr d’attendre jusqu’au lendemain matin .celles qui au contraire demeuraient ouvertes vingt-quatre heures sur vingt quatre” .L’auto-stoppeur “vit ” dans les autoroutes .
P108:”Il aimait les autoroutes, la glissade des autoroutes, l’impossibilité de faire marche arrière sur l’autoroute on ne se retourne jamais.”
P122: “Je sais qu’en partant j’abîme mon histoire avec Marie. Et pourtant je pars. Je ne devrais même pas dire “et pourtant je pars”. C’est presque le contraire ; je pars précisément parce qu’il ne faut pas .”
“le côté incompréhensible du comportement du personnage est bien résumé ici..
P162:” Fini les autoroutes . Fini la France traversée à 130 à l’heure(…) Il s’est mis à envoyer des cartes postales de villages inconnus (…) Nous avons compris qu’il passait, résolument, de l’autre côté de la rambarde”. Nouvelle étape, il s’agit de faire du stop sur les départementales et autres petites routes.
Le mot rambarde signifie-t-il le basculement vers quelque chose de plus grave , d’une rupture avec les siens ?
P168:”Elle continuait de l’aimer . Son mélange de joie et de tristesse à l’arrivée des cartes me le disait. C’était ce qu’elle avait chéri sans doute : qu’il aille par les routes . Qu’il lui échappe. Simplement , à présent je l’apercevais parfois songeuse, peinée, peut-être lasse, jaugeant la mince frontière entre ce qui était beau et qui ne l’était plus. Se demandant si cette liberté qui l’avait si longtemps séduite n’avait pas pour effet à la longue de détruire la sienne. Marie se détache de l’auto-stoppeur et va choisir Sacha.
Notre avis: Un livre plus riche qu’on ne peut le penser au premier abord. Il peut être conseillé à un large lectorat .
Mention spéciale à la référence à Leonard Cohen et à sa chanson “Famous Blue raincot ”