Ces rêves qu’on piétine est un roman de Sébastien SPITZER , publié aux éditions de l’observatoire, dont la présentation faite le 4/12/2017 par Geneviève Munier est proposée ci dessous.
Le livre nous raconte, par chapitre alterné, les derniers moments de Magda, cette “Médée moderne”, comme il l’appelle, première dame du Reich, mariée à Joseph Goebbels haut dignitaire nazi, qu’elle n’aime pas d’ailleurs et d’Ava, une petite fille née dans le camp 24 A d’Auschwitz dont la mère servait au divertissement des soldats allemands. C’est en fait la fin de la guerre vue de la place à la fois des vainqueurs et des vaincus.
Ce roman est noir, très noir, et pourtant par moments l’écriture de Sébastien Spitzer qui entrelace magnifiquement les mots réussit à apporter un peu de douceur à la misère du monde. Il a la distance nécessaire pour nous parler de cette période monstrueuse, sait parfaitement mélanger la réalité des faits aux propos romancés. Il l’explique très bien dans une postface d’un grand intérêt “J’ai valsé avec les faits, dans une danse à deux, collés, main dans la main flirter du mieux possible avec le vraisemblable pour imaginer le reste…” En un mot, c’est lui qui le dit aussi, il utilise les travaux des historiens comme “autant de garde-fous”.
J’ai trouvé ce roman passionnant, magnifique, ensorcelant par le sujet traité, la structure narrative, l’écriture fabuleuse, poétique, musicale “Un bac en grosse pierre granitée retient une eau fangeuse, des têtards qui zigzaguent, des trémas d’algues ponctués de pattes d’hydromètres, des feuilles noyées au fond.” J’ai aimé suivre le cheminement des personnages tous forcément attachants jusque dans l’horreur de leurs gestes pour certains. Il s’agit là, à mes yeux, d’un ouvrage fort, profond, intense, parfaitement documenté, de ceux que l’on n’oublie pas, un ouvrage sur la folie d’hommes et de femmes avides de pouvoir, un véritable gardien du devoir de mémoire. Les membres du jury du Prix Stanislas ne s’y sont pas trompés qui l’ont couronné. Lecture facile malgré le sujet. L’écriture est très belle, fluide et agréable. C’est un roman qui s’adresse à des lecteurs adultes intéressés par l’histoire. Il est peut-être un peu lourd pour un prêt en milieu hospitalier.