JACARANDA, de Gaël Faye ( Grasset, Août 2024, 224 pages) – Un des grands romans de la rentrée littéraire – Prix Renaudot 2024 –
Présenté lors de la réunion du 14 octobre par Nadège Plessis (bibl. de St Georges d’Orques) –
Huit ans après la publication de « Petit pays » (prix Goncourt des Lycéens et traduit dans quarantaine de langues), Gaël Faye revient avec Jacaranda., un roman qui explore l’histoire du Rwanda à travers 4 générations.
Il présente cette fresque familiale, pour parler de l’après-génocide rwandais, avec beaucoup de sensibilité et de poésie. Sous une forme romanesque, il nous emmène dans son pays natal, et c’est l’histoire contemporaine qui se déroule sous nos yeux dans un cadre et une ambiance que l’auteur sait brosser à merveille. Il mélange habilement souvenirs d’enfance et contexte historique avec une écriture douce qui contraste avec la violence des événements racontés.
Sans jamais négliger la fiction, il nous offre un livre d’une grande pédagogie autour des événement souvent méconnus en France. L’auteur explore les racines coloniales du génocide des Tutsis, remonte l’histoire politique, religieuse et s’intéresse aux lendemains, et aux traumatismes de la population.
L’arbre nommé Jacaranda symbolise plusieurs aspects clés de l’histoire et les thèmes du livre. C’est un arbre aux fleurs violettes associé à la beauté, à la mémoire et au passage du temps, des thèmes importants dans ce roman.
Extraits :
« Chez nous, on ne raconte pas l’histoire de la famille. Résultat, on ne sait rien, et les vies s’éteignent avec ceux qui les portent. On dit que les paroles s’envolent et les écrits restent, mais que faire quand il n’y a ni paroles ni écrits ? »
Partout, il y avait ces visages banals, ces gens normaux, ces hommes et ces femmes ordinaires, capables d’atrocités inimaginables, et qui étaient parmi nous, autour de nous, avec nous, vivant comme si rien de tout cela n’avait jamais existé.
Ce pays m’effrayait, me répugnait. J’avais envie de m’enfuir, de quitter cette terre de mort et de désolation Et puis je pensais aussitôt à Claude, à Eusébie, à Stella, et quelque chose se fissurait en moi, qui laissait passer un soleil insensé. La possibilité, malgré tout, de la vie, et de la beauté. »
Nadège Plessis, le 14/10/24